Question à Annelies Verlinden, Ministre de l'Intérieur et Réformes institutionnelles, sur les solidarités exprimées à la suite des inondations de juillet 2021 (55020229C)
Ma question :
Madame la Ministre,
L’élan de générosité qui s’est manifesté à la suite des terribles inondations qui ont frappé plusieurs régions de Wallonie les 14 et 15 juillet derniers a assurément mis un peu de baume au cœur des nombreux sinistrés. Dans les jours qui ont suivi la catastrophe, sur place, en région verviétoise, j’ai pu observer ce mouvement et je peux témoigner de l’effet réconfortant qu’il a pu avoir pour tous les habitants du bassin de la Vesdre.
La Croix-Rouge a été l’un des catalyseurs de cette solidarité. Vous-même, le 19 juillet, appeliez les Belges désireux de venir en aide aux victimes à faire un don sur le compte de cette institution. Le moins que l’on puisse dire est que vous avez été entendue puisque ce ne sont pas moins de 35 millions d’euros qui ont été récoltés.
Malgré quelques cafouillages inhérents aux premiers moments de la gestion de crise, l’organisation a également joué — et joue toujours — un rôle majeur sur le terrain. Comme l’a déclaré sa porte-parole, plusieurs centaines de ses volontaires sont encore chaque jour sur place et distribuent notamment quotidiennement une dizaine de milliers de repas. Des initiatives similaires, il y en a eu beaucoup depuis le 14 juillet et venues de tous horizons.
Nous arrivons néanmoins maintenant au moment crucial où, l’attention médiatique se portant progressivement moins sur cette tragédie, la dynamique de solidarité pourrait s’atténuer. Or, ils sont nombreux ceux dont le besoin d’aide ne s’arrêtera pas aussi rapidement.
Madame la Ministre, la Croix-Rouge a présenté une première ébauche de la répartition des 35 millions d’euros.
Pourriez-vous la détailler en ce qui concerne les 10 millions destinés à l’aide financière ciblée vers les plus précarisés ?
De même, sur quelle base sera calculée l’attribution des 10 millions alloués aux 9 communes les plus touchées ?
Enfin, quels sont les critères qui justifient le choix d’une durée de 8 mois pour l’utilisation des sommes ?
Ce laps de temps pourra-t-il le cas échéant être prolongé ?
Plus globalement, comment la cellule d’appui fédérale envisage-t-elle la réorientation de l’aide afin de l’inscrire dans le temps long ?
Réponse de Madame la Ministre de l'Intérieur, Annelies Verlinden :
Le gaz, l'eau chaude, le chauffage et l'hébergement relèvent tous de la compétence de la Région. C'est pour cette raison que le gouvernement wallon a créé ce commissariat. Outre ce que je viens de dire – que nous souhaitons faciliter le lancement de marchés et trouver des solutions – la responsabilité revient donc surtout au gouvernement wallon et au commissariat. Le gouvernement fédéral les soutient cependant pour faciliter et prendre sa part de responsabilité dans la recherche de solutions à court et moyen terme, voire même à long terme.
À titre d'illustration de cette approche, le réseau de distribution gazier ayant subi de lourds dégâts, la cellule d'appui fédérale a mis à l'ordre du jour la nécessité de le rétablir. Nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement wallon, le commissariat et les distributeurs de gaz pour réparer le réseau et chercher des alternatives. Nous ne pouvons le faire nous-mêmes et avons été parfois étonnés des agendas proposés, alors que la responsabilité n'en revient pas au gouvernement fédéral. Nous avons contacté Fluvius pour tenter d'accélérer le rétablissement du réseau de gaz et d'électricité. Je peux vous assurer que ces travaux sont une priorité absolue du commissariat wallon mais sont également suivis par la cellule d'appui fédérale en soutien au commissariat. La responsabilité n'incombant cependant pas au gouvernement fédéral, il faut trouver une solution pour les frais qu'ils représentent.
J'ai déjà expliqué que des phases provinciales ont été déclenchées le mardi 14 juillet. Le Centre de Crise s'est positionné selon une approche proactive en prenant contact avec ces gouverneurs pour avoir une vue sur les besoins en matériel et en personnel pour organiser une réunion de coordination, comme expliqué tantôt.
Nous avons fait la même chose le matin du mercredi 15 juillet. À ce moment-là, les gouverneurs ont indiqué qu'il n'était pas nécessaire de prévoir une autre façon de coordonner la crise, mais que les phases provinciales étaient adéquates pour la gérer.
Après le déclenchement de la phase provinciale par le gouverneur de la province de Hainaut et pour toutes les raisons dont j'ai parlé tout à l'heure, on a finalement déclenché le jeudi midi la phase fédérale.
On peut en dire beaucoup sur le fait que les gouverneurs ont déclenché ce message. Je pense que c'était M. Calvo qui a dit pourquoi il y avait une certaine tension de ne pas tendre vers une coordination fédérale. Mais c'est l'info que nous avions eue et il nous appartenait d'agir sur la base de cette info, ce que nous avons fait ces mardi, mercredi et jeudi.
C'est également la réponse à la première question – voire les questions que vous avez posées. Aujourd'hui, il y a cette cellule d'appui fédérale qui est intégrée dans le commissariat. Nous avons demandé une évaluation, vers la fin août, du fonctionnement du commissariat et de cette cellule d'appui fédérale. Les discussions doivent encore être menées, mais je crois bien que nous pourrons confirmer que cette cellule d'appui fédérale va encore continuer à être présente en soutien du commissariat. Nous allons encore continuer avec cette aide.
S'il y a des questions sur ce que nous faisons aujourd'hui pour aider les gens, je crois bien que c'est cela. D'après l'information que j'ai reçue des bourgmestres et des gens sur le terrain, cela fait une différence. Nous allons donc continuer à travailler ainsi, et à chercher des solutions, même concernant des éléments qui relèvent des compétences de la Région wallonne.
Mme Matz a demandé si tout le matériel et les outils ont été vendus. Selon les informations en ma possession, on a mis le matériel présent à disposition des zones de secours. Si on a limité les effectifs de la Protection civile, ce devait l'être au bénéfice des zones de secours. Il faudrait peut-être voir comment cela s'est vraiment passé. Le but était, en effet, de procéder ainsi. Ce n'est pas le cas, mais on a restructuré et donc donné plus d'importance aux zones de secours.
Selon mes informations, on a constaté que les zones de secours n'ont pas de point central de contact, ce nest peut-être pas évident, mais c'est un défi dans l'organisation de la Protection civile et des zones de secours. Il y a deux aspects en matière de Protection civile: l'organisation, les deux casernes. M. Demon a posé la question de l'utilité des postes avancés pour faire en sorte que la protection soit plus proche des citoyens et que les volontaires se rendent plus vite aux casernes. L'autre question est de savoir de quel matériel on a besoin. Je pense qu'il faut poser ces deux questions lors de l'analyse à laquelle nous devons procéder. Ce n'est pas une thématique dont ce gouvernement a décidé. Mais cela ne signifie pas qu'il ne faut pas prendre ce défi vraiment au sérieux, parce que c'est nécessaire. Et je suis bien d'accord que dans l'étude et l'analyse que l'on réalise aujourd'hui, il faut impliquer les travailleurs et les agents de la Protection civile. Mais il était aussi intéressant de demander l'opinion et l'expertise d'un partenaire externe pour effectuer cette analyse.
En lançant ce marché public, on veut faire réaliser une étude universitaire visant à évaluer en profondeur le fonctionnement de la Protection civile, l'objectif étant de tirer des conclusions et d'implémenter ces dernières.
Le Centre de Crise a entrepris des démarches pour devenir un centre de crise multidisciplinaire, interdépartemental, interfédéral et orienté vers l'international. Nous avons signé cette semaine avec le Luxembourg une déclaration à s'engager dans une collaboration plus étroite. Il faut examiner les matériaux, outils et moyens dont nous avons besoin, également au niveau international. Cette mission du Centre de Crise doit être poursuivie afin de faire face aux futures crises, qui deviendront de plus en plus complexes et multiformes.
Comme il l'a fait pour le Terro après la commission d'enquête parlementaire, le business continuity plan (BCP) peut nous aider à donner une réponse rapide du personnel en cas de crise. Ce BCP a été activé dans le cadre des inondations, comme ce fut le cas cette année pour d’autres crises telles que celle du covid-19, l’incident sur le réseau de Proximus, l’affaire Jürgen Conings, la sécurisation de grands évènements tels que les deux derniers sommets de l'OTAN.
En ce qui concerne plus particulièrement la planification d’urgence et la gestion de crise au niveau national, les enseignements à tirer de cette crise seront pris en compte dans le projet de codification, qui est déjà lancé par le Centre de Crise. En effet, comme j’ai déjà pu l’expliquer dans la première partie de mon intervention, le Centre de Crise veut développer ce projet de codification en tenant compte des leçons qu'on peut tirer des récents incidents, mais également de tout le travail légistique qui a déjà été fait.
Il existe déjà un Livre vert. Des réponses à plusieurs questions s'y trouvent donc déjà.
Pour ce qui concerne le Centre de Crise, il faut savoir qu'une crise sanitaire, ce n'est pas la même chose qu'une catastrophe telle que celle que l'on a connue au mois de juillet, ni qu'une cyberattaque. Les choses sont tout à fait différentes en termes de ressources, d'implémentation du bénévolat, etc. Il faut donc continuer à travailler. Il est fondamental que les situations d'urgence nationales soient gérées avec une même approche et un même sérieux. C'est en tout cas notre objectif, tout comme celui du Centre de Crise.
À ce stade, je ne peux pas vous communiquer une date précise pour l'élaboration de ce plan d'urgence. Mais je peux vous confirmer que le Centre de Crise se penche sur la question actuellement.
On a également parlé de la D5, de la communication par les autorités locales. À ce niveau, des choses doivent être améliorées. Cependant, force est de constater que, dans le cas présent, le Centre de Crise a pris la responsabilité d'apporter un renfort aux autorités locales pour la communication via son équipe de soutien.
J'ai déjà parlé des plans d'urgence sur les inondations. C'est déjà fait. Nous avons déjà identifié quelques risques et quelques actions à prendre. Ce travail de préparation a déjà été fait, mais il reste néanmoins crucial que les acteurs compétents prennent les mesures de prévention nécessaires afin de pouvoir les éviter; à tout le moins limiter au maximum les conséquences de telles intempéries sur notre société à l'avenir.
Là, nous revenons de nouveau aux compétences des Régions. Je crois bien qu'il faut en parler. Je ne sais pas via quelle plateforme le Parlement veut le faire, mais le point que je voudrais faire, c'est que nous avons déjà identifié des risques, mais que maintenant, il faut les traduire en actions, pas seulement au niveau fédéral, mais également au niveau de la prévention.
Madame Matz, je pense que vous aviez dit que beaucoup de messages différents avaient été émis par BE-Alert. Quelqu'un – Mme Chanson il me semble – a parlé de messages pas très cohérents. La raison en est que les bourgmestres et les gouverneurs peuvent décider eux-mêmes d'envoyer leurs messages via la plateforme BE-Alert. Il faut peut-être évaluer cela. Il faut que les gens le lisent et si ce n'est pas cohérent, cela n'aide pas au niveau de pénétration que l'on veut atteindre avec ces messages de BE-Alert.
Monsieur Flahaut, vous avez demandé s'il était normal que ce soit un partenaire privé qui fournisse cette alimentation. Le fait est qu'il y a peu de cuisines à la Défense. On n'était pas équipé pour servir des repas chauds aux sinistrés. La Défense a aidé et continue de le faire en livrant ces repas chauds aujourd'hui aux sinistrés. Il y a des cuisines à la Défense, mais pas en suffisance pour faire face à l'ampleur de cette catastrophe. C'est le résultat d'un choix: en l'occurrence, celui de ne plus avoir de cuisine à la Défense. Il fallait trouver une solution et c'est ce que l'on a fait.
Madame Jadin, vous avez évoqué le fait que des demandes de renfort avaient été refusées. D'après mes informations, il n'y a pas eu de refus. Il y a parfois des rumeurs ou des propos qui sont repris hors contexte. La presse en a parlé à un certain moment. Il y a peut-être eu un manque d'efficacité dans la coordination mais je n'ai pas eu de confirmation d'un refus.
Cela comporte des risques pour la santé des enfants. Je crois qu'il faut vraiment éviter que les enfants tombent malades. Mais le problème est qu'il y a des gens qui ne veulent pas trouver un logement beaucoup plus loin que le centre de la ville ou la commune qu'ils connaissent, parce qu'ils ne veulent pas déménager.
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